Là, sur une petite place tranquille qui s’anime à l’heure où la boulangerie voisine sort son pain du four, et où on fait la queue pour mériter sa baguette, un bouquiniste vient d’ouvrir ses portes.
La Presse — Nous sommes au cœur du vieux quartier d’El Menzah 1. Celui-là même qui faisait récemment l’objet d’une vaste campagne de protection orchestrée par un collectif d’urbanistes, architectes et protecteurs du patrimoine bâti. Ce quartier qui fut donné en exemple d’un module d’urbanisation bien pensée, alternant logements, commerces, écoles et espaces verts et vers lequel on revient aujourd’hui.
Là, sur une petite place tranquille qui s’anime à l’heure où la boulangerie voisine sort son pain du four, et où on fait la queue pour mériter sa baguette, un bouquiniste vient d’ouvrir ses portes.
Vous me direz que les bouquinistes sont dans l’air du temps, qu’ils ont bien changé depuis le pionnier historique de la rue d’Angleterre, et qu’à l’heure où les prix des livres s’envolent, ils sont de plus en plus courus.
Mais ce bouquiniste-là est tout à fait singulier puisqu’il s’agit d’une figure bien connue des amateurs du livre. Si Mohamed Bahri a animé et dirigé durant de très longues années la librairie El Moez qui fut longtemps un lieu culte. Libraire au sens complet du terme, il savait tout, connaissait tout et le reste. C’est à lui que nous devions les foires annuelles du livre qui drainaient un jeune public, mais aussi les premiers événements littéraires à une époque où ils n’étaient pas floraison.
Aujourd’hui, dans ce joli espace simplement baptisé « La Bouquinerie », si Mohamed réunit des livres anciens, épuisés, introuvables. Romans, beaux livres, livres d’art, d’histoire où biographies, la sélection est judicieuse et cohérente. Et parce que quand on est libraire, on ne se refait pas, il consacre tout de même un rayon aux nouveautés qu’il sélectionne avec justesse et à propos.